My rating: 4.5 of 5 stars
J'adore cette autrice. Depuis sa publication sur les Contes de Fées, je suis attentivement ce qu'elle fait ! Une fois de plus, Racines sera une réussite pour moi.
On est sur un récit qui tend vers de l'autobiographie, ou du moins qui semble plonger intimement dans l'expérience de l'autrice. On sent que les détails, les anecdotes ont été vécues personnellement par l'autrice, parfois pas en bien.
Le trait est comme toujours doux, tendre ce qui permet d'avoir un récit très attractif et qui adoucit un peu la violence de ce qui est dénoncé - car oui c'est violent :/
Dans cet ouvrage nous suivons Rose, une jeune fille racisée à la peau claire et aux cheveux crépus. Trop blanche pour être "racisée", trop "crépue" pour être blanche, Rose est constamment entre deux mondes à subir les injonctions et les injustices des deux, mais totalement accepté par aucun.
Nous suivons son parcours de vie à travers sa chevelure. De son enfance où sa mère les prend en charge jusqu'à son indépendance en métropole et la nécessité de trouver une "recette" qui marche pour elle. Des coiffeurs "bouche à oreilles" aux salons "spécialisés" (ou pas d'ailleurs), Rose va montrer au lecteur la réalité cachée derrière les cheveux crépus.
Avec une pointe de vulgarisation, pour nous apprendre les différents types de cheveux, le pourquoi et le comment, Lou Lubie n'oublie pas d'éduquer et d'apprendre, en même temps que son personnage.
Dans cette quête nous allons aussi avoir droit à un petit retour historique car les personnes racisées ont une histoire très liée au colonialisme et on va découvrir que les cheveux ont eu un rôle et un impact non négligeable.
Pour toutes ces femmes, en plus du sexisme vécu presque au quotidien va s'ajouter un racisme nauséabond et "facile" : "on ne fait pas ça", "toucher les cheveux", et autres commentaires...
Si on sait ou devine ce que vivent ces personnes, il est, je pense, important de le souligner et d'en parler pour en être particulièrement conscient et tenter de changer les choses. J'ai beau avoir les cheveux qui ne souffrent pas des mêmes contraintes, j'espère à mon niveau transmettre des valeurs de respects pour ne pas que se reproduise les incidents de la BD.
Petit à petit le personnage de Rose va apprivoiser sa chevelure et à travers elle, s'accepter elle-même. Car si les jeunes gens traversent (presque) tous une phase de doute, de recherche, de quête d'identité, Lou Lubie nous la propose ici à travers les cheveux. C'est un parcours qui peut paraître frivole (les cheveux ? pfff un truc de "filles") mais qui se révèle bien plus riche et lourd d'enseignement.
Je dois dire que j'ai été choquée d'apprendre que dans les années 2020 on n'apprend pas de manière systématique à s'occuper de ce type de cheveux dans les écoles de coiffure ! Quand je vois le nombre d'élèves qui souhaitent s'orienter dans cette carrière, le nombre de salon et la mixité qui s’épanouit je ne comprends pas que les écoles n'évoluent pas. Au delà des injonctions du type "soit comme ci ou comme ça", les personnes aux cheveux crépus ont en plus à gérer leurs cheveux et ont parfois besoin de techniques bien spécifiques. Ce n'est pas une honte ou une tare.
Ainsi avec cet ouvrage, sans jugement et parfois même avec légèreté et humour, Lou Lubie nous invite à réfléchir. L'égalité, l'histoire, le sexisme, le racisme et l'acceptation sont des thèmes forts et qui sont abordés de manière très accessibles ici.
Merci pour cet ouvrage.
[Merci à @NetGalleyFrance pour la copie numérique]
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