mardi 13 août 2024

Un Monde plus Sale que Moi - Capucine Delattre



Quatrième de Couverture :
« Je suis une fille de mon époque. J’ai découvert l’amour en même temps que #MeToo. Ça ne me concernait pas, pas plus que ça ne m’a affectée. Ma jeunesse me servait d’immunité, j’avais un amoureux, et il me semblait que si je devais croiser la route d’un porc un jour, j’en mourrais. Je me trompais sur tous les points. » Un monde plus sale que moi  est le roman des jeunes filles de #MeToo, celles qui avaient 17 ans en 2017, celles dont on se dit qu'elles sont nées suffisamment tard, dans un monde suffisamment progressiste pour que rien ne puisse leur arriver, mais qui ne sont en réalité pas plus protégées que leurs aînées de la violence des hommes. C'est l'histoire de toutes ces filles qui croyaient devenir femmes alors qu'elles devenaient proies. C’est l’histoire d'une époque – la nôtre. 
Capucine Delattre est née en 2000. Éditrice et autrice, elle s'intéresse particulièrement aux questions de la domination masculine, du mythe de l'émancipation par la sexualité et de la condition de victime.  Un monde plus sale que moi  est son deuxième roman.
Note :
♣♣
Avis :
En vrai j'ai beaucoup de mal à me positionner. Je pensais avoir un mélange de témoignages mais nous avons plutôt un récit fictif issu des dizaines de témoignages qui ont suivis le mouvement #MeToo. 
Nous suivons Elsa, une jeune femme de 17 ans. Nous n'en saurons pas énormément plus à son propos. Elle va à la fac, elle semble avoir son propre appartement. Côté famille, nous aurons le personnage de la mère et c'est tout.

Enfant de son époque, elle ne se sent pas concerné par #MeToo. Elle s'est forgé une opinion de l'amour, du sexe et du consentement au fur et à mesure de ses lectures et de ses visionnages (ou lectures sur internet) et si elle est scandalisée, elle voit tout ça de très très loin. Ses préoccupations sont bien plus terre à terre, elle veut trouver l'amour et faire le sexe.
Mal à l'aise avec son corps, avec elle même, donc quand elle rencontre Victor, cela sonne comme une victoire. Rapidement, le lecteur comprend que les deux jeunes gens sont plus amoureux à l'idée d'être en couple que réellement attachés l'un à l'autre. Ils veulent cocher des cases, rien de plus.
On passe beaucoup de temps dans la tête d'Elsa et plus le temps passe, plus elle se complait dans le rôle de la petite copine. Elle s'efface et accepte tout, choisissant de se positionner comme la boniche. 
Alors oui, Victor va se comportement comme un petit con sur un certains nombres de points, ne nous méprenons pas. Mais je ne comprend pas cette volonté du personnage d'Elsa. 

Après, soyons honnête, je sais que nombre de filles/femmes traversent ce genre de choses. Que, surtout avec l'inexpérience, il est "facile" de sombrer dans ces travers. A la suite de sa séparation avec Victor, on entre dans une période d'introspection. Elsa va commencer à revenir sur sa relation. Elle vit mal sa rupture et réagit à peu près "normalement" (désespoir, tristesse, déni, colère, vengeance...). Puis, petit à petit, au fur et à mesure des témoignages qu'elle peut lire/entendre elle adopte le statut de "victime". Elle ne sait pas bien ce que c'est, ce qu'elle est. Cela reste une notion "floue" aux contours mal définis.

De ce côté là, on comprend très bien l'acceptation de ce statut. La difficulté que c'est. Comme c'est écrit, elle n'est pas "flamboyante" ni "sensationnel". Pourtant, j'ai eu des difficultés à l'accepter. Nombre de choses qu'elle reproche à son ex me dérange. Parce qu'elle a volontairement fondu dans un moule qui ne lui convenait pas. Oui il l'a laissé faire et oui il en a profité. Produit de son époque ? Peut être. Mais je pense qu'il y a des torts qu'Elsa refuse d'endosser. Je ne veux pas "charger" la victime mais elle semble totalement aveugle à son propre rôle. Toutefois, au-delà de ça, je crois que le principal problème vient de la mère. 

Je crois que j'aurai encore préférée que ces scènes ne soient pas intégrées à l'histoire. Parce qu'à part la détester, je ne vois pas en quoi cela apporte quoi que ce soit. La mère endosse un rôle d'ennemi. Son absence n'aurait pas changé grand chose à son rôle dans l'histoire. C'est vraiment mon plus grand soucis. Ses répliques sont à vomir et son comportement n'a aucune explication valable. Comme pour l'explication des règles. Je sais qu'il y a des parents en dessous de tout. Mais était-ce nécessaire de l'écrire ? Bref, je suis plus révoltée de ce comportement là que de tout le reste dans le roman. Parce que je suis bien trop blasée par ces faits douloureusement banals. 

Malgré tout, il y a un grand nombre de paragraphes qui sont percutants et sonnent terriblement justes. Qu'importe que la justice reconnaisse le droit d'être une victime, il ne faut pas le dénier à ces filles. Ce sont peut être les mieux placés. Oui on peut l'avoir accepté et ne plus avoir envie d'en parler? On a même le droit de l'avoir accepté. On a le droit de passer à autre chose tout en étant un soutient moral pour une amie dans le besoin.

Je pense qu'il y a quelque chose qui m'a manqué. Au delà du témoignage je crois que j'aurai aimé plus de recul et peut être de l'analyse et un peu d'aide pour les éventuelles lectrices qui en auraient besoin. Des conseils, de l'aide à ne plus se sous-estimer et de dévaloriser. Peut être des adresses ou des numéros de téléphone pour trouver aide et conseils. 

Toutefois, ce genre de texte à le mérite de mettre des mots sur des situations beaucoup trop courantes. Il faut que les gens le sachent, que ce ne soit pas juste un coup dans l'eau. Cela montre que c'est fréquent, que les filles ne sont pas pour autant coupables et qu'elles existent.



Infos :
  • Un Monde plus sale que Moi
  • Capucine Delattre
  • La Ville Brûle (2023)
  • Fiche Goodreads

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire