My rating: 4 of 5 stars
Je n'ai pas lu tous les livres de l'autrice, mais je commence tout de même a en avoir lu "un peu". Et elle semble aimer changer de genre. Ici on est sur du YA à l'époque victorienne, à Londres, dans une ambiance fantastique un peu gothique.
Nous sommes dans une ambiance qui est très bien rendue par la couverture : sombre et des lueurs verdâtres !
Nous suivrons Léandre, lord anglais snob jusqu'au bout des ongles. Il se définit lui-même comme l'héritier d'un monde sur le déclin. Ce n'est pas l'archétype du héros à qui tout réussit, sexy, etc. Il est plutôt du genre maladroit, voir lent à la comprenette. Mais il est fidèle et déterminé.
Gravitera autour de lui quelques personnages variés comme Austin, riche héritier sans titre - donc l'héritier du nouveau monde qui fait de l'ombre à la noblesse anglaise - le père Hiram, jeune prêtre dévoué à ses ouailles et Winifred-tout-court, jeune femme déterminée et au vocabulaire coloré et nettement audible.
J'ai un peu regretté que les personnages ne soient pas davantage creusés. Les personnages qui gravitent autour de Léandre étaient vraiment intéressant et je n'aurai pas dit non à mieux les connaître (même Tudor, la gouvernante ou encore Millicent). Ces personnages sont esquissés avec juste ce qu'il faut pour qu'ils vivent et aient du poids dans l'histoire.
Il y a Londres aussi, qui est presque un personnage. En effet, la ville est un personnage central de cette histoire. La cité à la nuit presque éternelle, désertés par les puissants et les riches. Là encore, j'aurai aimé un peu plus de détails, mais cela aurait dilué le récit - soyons honnête.
Dans cette univers, suite à un drame que personne ne s'explique, le soleil ne parvient plus à dissiper la brume dans la ville...mais pire encore, il y a les Putréfiés. Parfois, sans que l'on ne sache pourquoi, certains morts se relèvent !
Léandre lui se passionne pour cette question. En effet, avec la brume et les Putréfiés est arrivée une autre invitée malveillante : la maladie. Le mal des brumes qui est fatal dans un délai relativement court. Sa sœur est atteinte et se meurt. Léandre est décidé à la sauver. Il décide alors d'étudier la médecine - seul noble de la classe - et veut étudier les Putréfiés dans l'espoir qu'ils soient la clé pour sauver sa sœur.
Voilà pour ce qui est de l'ambiance. Nous allons donc suivre Léandre et les péripéties de son enquête. Ce qui est plaisant c'est que si l'enquête a des avancées globalement prévisibles, c'est surtout Léandre que l'on découvre. En effet, le jeune homme sort de sa zone de confort et du rôle rigide qui lui a été attribué à la naissance : héritier désargenté d'une noblesse poussiéreuse. Au contact d'Austin, il découvre l'amitié, le rire mais aussi la confiance. Austin sera son meilleur ami et quelqu'un de prêt à tout pour lui. Mais la rencontre avec Winifred et le père Hiram va également lui permettre de s'ouvrir et de découvrir qu'il a du cœur. Il est certes snob, dans un éclair de lucidité assez ironique, mais garde une naïveté touchante de voir le bien chez tout le monde, ou plus exactement de ne pas tenir compte des travers des uns et des autres.
Si l'intrigue reste relativement classique, l'écriture n'en reste pas moins très vivante et rend l'ensemble accessible et réaliste. On s'immerge sans peine dans cet univers et on suit avec délice Léandre.
En plus de cette intrigue nous aurons alors droit à un peu de romance. Millicent et Winifred étant les seuls protagonistes féminins, on se doute que ce seront elles les love-interest. Mais la romance n'est qu'accessoire. Ne prenez pas cette histoire en espérant voir votre cœur embarqué. Cette romance est mignonne, mais ne sert que de prétexte à des petites joutes verbales délicieuses et de l'introspection bien cynique de la part de notre jeune lord.
Car Winifred est avant tout déterminé à bousculer tout et tout le monde, quitte à choquer un prêtre ou un lord (Austin en fera d'ailleurs les frais dans une scène qui m'aura fait éclater de rire).
Au final, cette une histoire vraiment agréable et qui n'hésite pas à égratigner un peu les clichés attendues de ce type de roman. On retrouve en cela la patte de l'autrice, qui n'hésite pas à aborder des sujets importants (comme la maladie ou la différence des classes) tout en maintenant un humour impeccable. Et ce ne sont pas que les petites phrases de Léandre ou les piques de Winifred dont je parle.
L'autrice s'est amusé avec des petites notes de bas de page qui explique à la fois ses choix scénaristiques mais lui permet également de laisser libre court à son humour un peu cynique. Un délice pour moi.
Je suis presque triste d'avoir eu la version numérique, car la version physique est superbe et ce fut une lecture très agréable que je vous recommande !
Maëlle Desard s'offre ici un quatuor de personnages divers et très attachant. Une fois l'enquête close, on ne peut s'empêcher d'en vouloir plus. Car sans nul doute, il serait plaisant de suivre d'autres aventures de ces personnages si différents les uns des autres. Pourquoi pas ?
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